La Fondation participe à la reconstruction du village de Dhye et au relogement de 226 familles
L’histoire de cette aventure solidaire extraordinaire a commencé en 2000, lorsque Michel, habitant du Tronquay (14), a décidé de parrainer une jeune népalaise orpheline. Cette généreuse initiative individuelle a donné naissance quelques années plus tard à l’association, « Du Bessin au Népal », en 2008, après que la jeune fille, partie sur les traces de son village natal, a découvert que ce dernier était en grande difficulté, victime du réchauffement climatique. Aujourd’hui, 60 % des terres du village de Dhye, situé dans la région du haut Mustang, sont en effet devenues incultes pour ses habitants, principalement agriculteurs.
Déplacements au Népal, recherche d’adhérents et de mécènes pour soutenir l’association, jumelage du Tronquay avec Dhye, collaboration étroite avec « Electriciens sans frontières »… En 2015, une centrale hydroélectrique est construite près de la rivière principale du secteur, aux abords de Thangchung, là où les habitants ont été autorisés à s’installer, à une demi-journée de marche du village historique. Deux ans plus tard, la centrale sera en fonction.
« Notre objectif, dès le départ a été de laisser les habitants faire leur choix. Nous ne sommes là que pour les conseiller et les financer. C’est le comité de village qui a choisi le nouvel emplacement du village, avec l’accord des autorités. Chaque famille est obligée de participer à sa reconstruction, soit sous la forme d’une aide physique, soit sous la forme d’une aide financière. Très vite, nous avons voulu également les soutenir dans leur projet de développer une activité économique car pour les habitants, le déplacement forcé du village devait devenir une opportunité. C’est eux qui ont choisi de planter et de cultiver des pommiers », précise Michel Houdan, l’un des principaux fondateurs de l’association.
10 000 pommiers à 3 500 mètres d’altitude
Tous les habitants du village ont participé à l’achat des pommiers à la hauteur de leurs possibilités. De plus, l’association exporte depuis la France des variétés plus adaptées au projet. En 2021, 5 tonnes de pommes ont été produites et vendues en produit biologique sur les marchés locaux et jusqu’à Katmandou.
Depuis 5 ans, l’association assure la professionnalisation en arboriculture des habitants grâce au bénévolat d’arboriculteurs normands et étrangers qui se rendent régulièrement sur place.
« Nous avons souhaité également que le village ne devienne pas un village riche au milieu de villages pauvres et dans le cadre de la communauté de communes locale, nous distribuons également des pommiers à 4 autres villages… » ajoute Michel. Aujourd’hui, l’activité arboricole se développe avec l’implantation de pruniers et d’autres fruits qui sont aussi tentés à Dhye.
Un habitat parasysmique
Pour assurer le relogement des villageois forcés de fuir des conditions de vie devenues impossibles, l’association « Du Bessin au Népal » a cherché des architectes bénévoles et des soutiens financiers dès le début de son projet solidaire. En 2019, la construction d’une école et d’un dispensaire et d’une maison prototype a pu être achevée avant la crise sanitaire et en 2022, les travaux ont repris avec la construction des 6 premières maisons individuelles, dont la moitié financée par la Fondation Abbé Pierre, ainsi que du bureau (Mairie) du village et de la salle polyvalente.
« Avec 3 autres associations qui nous soutiennent également, la Fondation nous a permis d’amorcer la pompe et de mettre à profit le travail de l’architecte qui a réalisé le prototype de la maison, à partir des demandes des habitants, dont la moyenne d’âge est de 35 ans. Des ingénieurs strasbourgeois ont établi les plans du projet afin de protéger les habitations des tremblements de terre. En 2015, le dernier avait fait de gros dégâts ».
Une grande pièce à vivre où l’on cuisine sur un feu de bois, une grande chambre commune pour la nuit, des toilettes et un espace rangement… 26 maisons tibétaines traditionnelles devraient être construites d’ici 4 ans afin de loger tous les habitants jusqu’à présent installés dans le dispensaire ou dans des constructions temporaires. Chaque maison est tirée au sort par les habitants. La première a été attribuée à une jeune mère de famille devenue veuve il y a peu de temps.
« Toutes les familles fournissent la main d’œuvre et des entreprises locales apportent les matériaux et les compétences nécessaires. La construction d’un temple bouddhiste est en projet et « d’un village office » est également en projet. L’électrification des bâtiments et des maisons est actuellement assurée par « Electriciens sans frontières » qui forment également les habitants », termine Michel, en contact quasi quotidien avec le secrétaire du Comité de village pour suivre les travaux… et bien sûr aussi avec sa filleule qui vit aujourd’hui à Katmandou, après avoir fait des études supérieures en Relations internationales, en Grande-Bretagne et qui est très impliquée dans le projet de son village (relations avec les autorités et les partenaires, participation aux réunions du comité de déplacement du village…)